Une explosion du trafic non proportionnelle au nombre de pistes
4.1 milliards, tel est le chiffre vertigineux du nombre de passagers qui ont embarqué à bord d’un avion dans le courant de l’année 2017, au niveau mondial. Ce chiffre était de 2.97 milliards de voyageurs en 2014. Il s’agit là d’une croissance de 38% en seulement 3 ans. A l’échelle d’un aéroport, celui de Roissy Charles de Gaulle a connu une multiplication par 7 en nombre de passagers par rapport à sa fréquentation aux début des années 80. Ce constat est généralisé à tous les aéroports français. Et si les infrastructures d’accueil des voyageurs sont en constante augmentation, ce n’est pas forcément le cas des pistes aéroportuaires, qui sont, elles, de plus en plus sollicitées.
Cet aspect revêt une véritable dimension stratégique puisque ce sont ces infrastructures qui rendent efficace une activité aéroportuaire. Tout maître d’ouvrage doit, en ce sens, entretenir et assurer la bonne exploitation de ses pistes, pour assurer un niveau de sécurité infaillible. L’augmentation du trafic impacte l’accélération du vieillissement des infrastructures. Toutefois, plusieurs contraintes sont de mise pour préserver la santé des pistes : les vitesses de décollage/atterrissage ne peuvent excéder les 350 km/h et le poids des appareils est limité à 13 tonnes maximum en France.
L’indice de service comme thermomètre
Pour assurer le maintien et l’entretien de leurs pistes (pistes de roulage et piste de décollage), les aéroports sont dans l’obligation de dresser une vue précise sur l’état de leurs chaussées. On appelle cela l’indice de service. Cet indicateur est renouvelé tous les deux ans. Il s’obtient par un relevé visuel opéré par une équipe d’ingénieurs et de techniciens spécialisés dans les chaussées aéroportuaires. Par maille de 500 m², il est représenté une cartographie de l’état des voies de circulation pouvant faire apparaître jusqu’à 7 indices de dégradation :
- Très bon
- Bon
- Assez bon
- Passable
- Mauvais
- Très mauvais
- Hors service
Le regard des équipes de diagnostic est essentiel dans cette classification. Car selon les désordres en présence et le degré d’importance du tronçon, c’est l’ingénieur qui rend état de cette cartographie.
Vers des nouveaux moyens d’inspection
La définition de l’indice de service nécessite l’immobilisation des pistes pour laisser le champ libre aux équipes qualifiées pour procéder à la phase d’évaluation. Afin d’éviter toute interruption, les interventions ont souvent lieu durant la nuit. Ce travail de fourmi nécessite donc du temps pouvant aller jusqu’à 5 nuits successives pour une seule piste. De nouvelles technologies permettent de réduire drastiquement les délais d’intervention tout en enrichissant la collecte des données. L’emploi de véhicules équipés de caméras et de lidar performants nécessite l’immobilisation de la piste sur à peine une seule nuit. Cette technologie en devenir amène une vraie richesse dans le traitement de l’information puisqu’elle permet une photographie extrêmement précise de toute l’infrastructure et son environnement. Pour qu’elle montre toute son efficacité, c’est surtout les comparaisons au fur et à mesure des années qui permet de constater l’évolution de certains phénomènes invisibles par un relevé visuel simple.
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