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L’ingénierie éclairée

Un an de Power Road, la route thermique fait son chemin

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machine de chantier sur route en construction
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Sandrine Vergne est ingénieure développement technique au sein de la direction technique d’Eurovia. Elle travaille notamment pour le déploiement de la route à énergie positive, Power Road, présentée il y a un peu plus d’un an. Elle répond à nos questions concernant cette innovation prometteuse qui est à la croisée des chemins entre le monde de l’infrastructure et celui de l’énergie.

Comment a germé l’idée de Power Road ?

SV : Tout a commencé en 2012. L’une de nos agences, située dans l’Est de la France, cherchait une alternative aux solutions de déneigement par résistance électrique. Elle a donc réfléchi à l’idée d’un démonstrateur sur l’agence pour déneiger les différentes surfaces de parking avec une solution basée sur la géothermie.

Dans le même temps, la R&D menait des études pour pouvoir donner de nouvelles fonctionnalités à la route, et notamment pour pouvoir intégrer la fonction énergie. Nous avons donc mené une importante étude bibliographique pour explorer les différentes pistes.

Ces deux actions, menées en parallèle, ont abouti à la conviction que l’exploitation de la chaleur, qui est disponible dans les chaussées par exposition au soleil, était la meilleure solution. Car il faut savoir que la température d’une route peut monter en été jusqu’à 70°C en surface et à une quarantaine de degrés quelques centimètres en-dessous. Cette chaleur n’était pas valorisée. Lorsque nous avons réalisé le premier démonstrateur, nous avons mis en place un échangeur dans la chaussée pour diffuser de la chaleur et déneiger. Nous avons ensuite joué sur la réversibilité de l’échangeur pour capter l’énergie solaire thermique.

Plus d’un an après le lancement de Power Road, quel bilan dressez-vous ?

Sandrine Vergne : Cette première année a été riche avec de très nombreux projets de natures différentes. Il y a d’abord eu le premier démonstrateur qui a été réalisé dans le cadre du Programme d’Investissements d’Avenir opéré par l’ADEME. On a réceptionné l’installation durant l’été 2018 pour effectuer les premiers tests. Et depuis le mois d’octobre, nous sommes connectés au bâtiment pour le chauffer. Nous ferons un bilan de son fonctionnement après l’hiver.

Sur cette première année, nous avons aussi pu mettre en exploitation le projet de la ville de Pontarlier (25). Sur le parking du lycée de la ville, qui est aussi une plateforme de bus, la chaussée se déneige automatiquement en utilisant l’énergie thermique retour d’un réseau de chaleur urbain. C’est une problématique différente. On se positionne dans la qualité de service pour maintenir la viabilité hivernale, quelles que soient les conditions climatiques. Cette solution a été mise en service fin janvier 2018 et fonctionne parfaitement.

Pourquoi vous êtes-vous orientés vers la géothermie ?

SV : La réflexion sur la géothermie est née seulement dans un second temps. Nous avons d’abord travaillé sur la chaleur et la quantité de chaleur que nous pouvions récupérer dans la chaussée. Celle-ci peut capter, et sans problème, beaucoup de chaleur pendant l’été. Mais l’essentiel du besoin de chaleur se situe en période hivernale. Donc, nous nous sommes intéressés au stockage de cette chaleur et plus particulièrement à la géothermie car l’enjeu était de résoudre le stockage calorique sur une longue période. Nous nous sommes appuyés sur les compétences de BURGEAP pour nous aider sur ce point.

Quelles difficultés avez-vous rencontré lors du développement ?

SV : Différents verrous technologiques devaient être levés. Le premier est lié à la mise en œuvre technique d’un échangeur dans une chaussée et de pouvoir industrialiser ce procédé. Les travaux de R&D ont conduit au dépôt de plusieurs brevets pour pouvoir intégrer des tubes dans la chaussée tout en ayant la garantie que cela ne la fragilise pas. La résistance mécanique a été validée à l’échelle du laboratoire et à l’échelle réelle. Notamment, pour le démonstrateur de Saint-Arnoult-en-Yvelines, un manège de fatigue FABAC a permis de simuler, en accéléré, le passage de poids lourds afin d’étudier le comportement de la chaussée Power Road.

Comment envisagez-vous 2019 ?

SV : Les projets se multiplient. Nous avons à l’étude plusieurs projets pour du chauffage de bâtiments qu’ils s’agissent de bâtiments tertiaires ou résidentiels. D’une problématique routière, nous amenons nos clients à penser en énergie bas carbone avant tout besoin. Nous ciblons notamment le milieu urbain puisque c’est là que nous trouvons des voiries et une demande importante de consommation en énergie en proximité. Power Road répond à toutes les échelles : de la maison individuelle à l’aménagement d’un éco-quartier.

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