Par fortes chaleurs, les routes peuvent subir d’importantes détériorations : fissures, affaissements, perte d’adhérence. Pour mieux prévenir les dégâts, tout se joue à la fabrication. Tour d’horizon.
Juillet 2018 entre sur le podium des températures les plus chaudes depuis 1900. La chaleur, en plus de son impact sur les populations, a aussi des effets importants sur nos infrastructures routières. Et pour bien comprendre ce phénomène, il faut d’abord avoir en tête que l’on peut regrouper les bitumes sous trois classes :
- Les bitumes mous
- Les bitumes classiques ou semi-durs
- Les bitumes durs
Chacune de ces catégories possède des propriétés physiques différentes qui vont apporter leur lot d’avantages et d’inconvénients. Les bitumes mous vont avoir tendance à se déformer en cas de chaleur au sol située entre 30 et 40°C alors qu’il faudra monter entre 50 et 60°C pour des bitumes classiques. Les bitumes durs, quant à eux, sont moins enclins à se déformer face à la chaleur mais sont plus sensibles aux rayons UV et vont plus facilement se briser ou s’éclater, notamment en cas de fortes intempéries (fortes pluies, neige, verglas). Vous l’aurez compris, un bitume qui se veut pérenne doit être adapté à son contexte météorologique.
Deux désordres majeurs : la déformation et le ressuage
En période caniculaire, une route qui souffre de la chaleur, notamment pour les bitumes mous, peut être sujette à de nombreuses détériorations. La première est qu’elle va se déformer sous le poids et le passage des véhicules, et notamment les poids lourds. L’une des conséquences de cette déformation est l’apparition de bourrelets en contrepartie de la zone affaissée. Ils présentent un réel danger pour les routes car des fissures peuvent apparaître laissant les eaux pluviales s’infiltrer. A long terme, ces infiltrations dégraderont durablement l’infrastructure par la naissance de trous ou de nids de poule. Seul un rabotage jusqu’à la couche touchée permettra de remédier à ce mal.
Un autre danger pour nos routes engendré par les fortes chaleurs est le phénomène de ressuage. La montée en température liquéfie le bitume et remonte en surface, recouvrant ainsi les granulats de roulement. Cette action a pour conséquence de provoquer une perte d’adhérence aux véhicules, comme par temps de pluie. Sauf, que par temps sec et chaud, la surprise est de mise pour les automobilistes.
La formulation est la clé de la durabilité
Pour prévenir ces dégradations, tout se joue à la conception. La formulation de l’enrobé et le choix du bitume est à la base d’une infrastructure pérenne. Elle doit prendre en considération tous les aléas climatiques en plus des contraintes mécaniques liées à la future intensité du trafic. Aujourd’hui, la plupart des axes fréquemment empruntés (autoroutes, nationales, départementales) prennent déjà en considération ce paramètre. Cependant, les axes secondaires peu empruntés sont les plus touchés : routes de liaison péri-urbaines et routes de campagne. Certains ouvrages urbains spécifiques sont aussi concernés par le phénomène : quai de bus, giratoires.
Dans certains cas, il pourra être fait appel à un bitume modifié aux polymères. Cet additif, à base de fibres de polymère, est ajouté à la fabrication et fera gagner en élasticité le bitume pour offrir résistance et souplesse. Mais attention, le coût peut rapidement s’envoler et seule une faible proportion des routes requiert ce traitement.
Le bureau d’études comme prescripteur de solutions curatives
En cas de désordres avérés, il est nécessaire d’évaluer le phénomène et son ampleur sur la route. Un carottage permettra d’identifier les couches qui sont dégradées et l’étendue du rabotage à prévoir. S’orienter vers un bureau d’études spécialisé est la meilleure des garanties pour poser un diagnostic et des actions curatives.
Débats et réactions