L’amiante est un sujet sensible qui a exposé les travailleurs à des risques pendant des décennies. Utilisé massivement dans divers matériaux de construction jusqu’en 1997, date d’interdiction de son usage en France, l’amiante présente des dangers bien connus. Si son usage est bien connu, un aspect est moins abordé concerne sa présence naturelle dans les sols.
L’amiante est en effet un groupe de minéraux à texture fibreuse qui se trouve naturellement dans certaines roches et qui se forme par des processus géologiques au cours de millions d’années. Utilisé historiquement pour ses propriétés de résistance à la chaleur et aux produits chimiques, ainsi que pour sa capacité à renforcer d’autres matériaux. En raison de ses propriétés uniques, l’amiante a été intégré dans de nombreux produits de construction, comme les enrobés, les tôles ondulées, et même certaines peintures pour créer une meilleure cohésion et une résistance accrue.
Les dangers de l’amiante
Mais ce n’est malheureusement pas sans risque, l’exposition à l’amiante est dangereuse, car les fibres peuvent se déposer dans les poumons lorsqu’elles sont inhalées, causant des maladies graves comme l’amiantose, le cancer du poumon et le mésothéliome. Les travailleurs de l’industrie de la construction, en particulier ceux impliqués dans la démolition ou la rénovation de bâtiments contenant de l’amiante, sont particulièrement à risque.
L’amiante environnemental versus l’amiante industriel
Il est important de distinguer l’amiante présent naturellement dans certaines roches et celui utilisé dans les matériaux de construction. L’amiante environnemental se trouve dans des formations géologiques spécifiques et peut se libérer dans l’environnement par l’érosion. Par contre, l’amiante industriel est intentionnellement ajouté aux matériaux de construction pour améliorer leurs propriétés mécaniques.
Réglementation et normes en France
En réponse aux dangers posés par l’amiante, une nouvelle norme, la NF P 94-001, a été publiée en novembre 2021 en France. Cette norme oblige les maîtres d’ouvrage à évaluer le risque de présence d’amiante sur les sites concernés par des projets de travaux. La norme s’applique à presque tous les départements français, soulignant la nécessité d’une vigilance accrue face à ce risque omniprésent.
Le bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) a publié des cartes géologiques qui identifient les zones à risque d’amiante en France. Ces cartes montrent que 70 départements sur 95 présentent un risque de présence d’amiante. Les zones les plus à risque incluent les Alpes, la Bretagne, les Pyrénées, et la Haute-Corse.
- Au regard des cartes et documents disponibles, Ginger CEBTP a considéré que 15 départements sont à risque élevé (en bleu : priorité 1) soit le 2B, le 05, le 09, le 11, le 22, le 29, le 31, le 35, le 38, le 44, le 56, le 64, le 65, le 66 et le 73.
- Il s’en suit une liste (non réglementaire) de 42 départements supplémentaires pour lesquels le risque est à prendre en compte (en vert : priorité 2).

Figure. La carte des risques d’amiante.
Responsabilité et mesures préventives
La norme NF P 94-001 stipule que les maîtres d’ouvrage doivent commander un rapport de repérage avant travaux qui, dans un premier temps, correspondra à l’étude bibliographique initiale (niveau A0) pour déterminer le risque potentiel d’amiante sur leur site. Si le risque est avéré ou reste suspecté, des missions complémentaires (niveaux A1 et/ou A2) sont nécessaires. Les maîtres d’ouvrage restent les demandeurs de ces missions et en supporte le coût ainsi que les conséquences, ce qui peut représenter un défi financier et administratif.
La gestion du risque amiante, qu’il soit industriel ou naturel, est essentielle pour protéger la santé des travailleurs et du public. Les nouvelles régulations en France obligent à une vigilance accrue et à des mesures proactives pour évaluer et gérer ce risque. Malgré les coûts et les défis associés, la sécurité et la santé publique demeurent prioritaires.
En adoptant des pratiques rigoureuses en amont et en respectant les normes, les maîtres d’ouvrage peuvent minimiser les risques et contribuer à un environnement de travail plus sûr.
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