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L’ingénierie éclairée

Quand les déchets de chantier se transforment en ressources

Lecture 4 minutes
Tas de béton et de gravats sur chantier de démolition
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Dans un contexte réglementaire en pleine évolution, de plus en plus d’acteurs du BTP adoptent une démarche en faveur de l’économie circulaire afin de mieux trier et valoriser les déchets issus des chantiers de réhabilitation ou de déconstruction.

70% de valorisation des déchets sur les chantiers en 2020

D’ici peu, en 2020, la réglementation européenne fixe un objectif de 70% de valorisation en matière des déchets non dangereux du BTP. En France, ces déchets sont issus en majorité des chantiers de réhabilitation ou de déconstruction. L’économie circulaire, modèle permettant de limiter l’utilisation de matières premières et la quantité de déchets produits, représente donc un enjeu fort pour le secteur.

Pour le comprendre, il est important de distinguer trois notions :

– la plus connue, le recyclage est une opération de valorisation par laquelle les déchets sont retraités en matières premières pour retrouver leur fonction initiale ou un autre usage,

– le réemploi, le plus vertueux pour l’environnement, consiste à utiliser de nouveau des équipements, matières ou produits, qui ne sont pas des déchets, pour un usage identique à celui pour lequel ils avaient été conçus,

– la réutilisation, une opération par laquelle des substances, matières ou produits qui sont devenus des déchets sont utilisés à nouveau moyennant une transformation.

Si la première opération s’applique en règle générale au gros œuvre, les deux autres concernent essentiellement le second œuvre (c’est-à-dire la partie non constitutive de la structure d’un bâtiment).

Schéma explicatif du circuit de valorisation des matériaux issus des déconstructions
L’économie circulaire dans la construction

Un chantier exemplaire en Ile-de-France

Fin septembre 2018, les bâtiments de la prestigieuse école d’ingénieurs Centrale Paris, installée depuis près de 50 ans à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine), ont été démolis, représentant un volume de 100 000 tonnes de béton. Le maître d’ouvrage, la Semop Châtenay-Malabry Parc-Centrale, assisté par Ginger DELEO, a fait le choix de valoriser ces 100 000 tonnes déchets inertes (qui ne se décomposent pas, ne brûlent pas et ne produisent aucune réaction physique ou chimique, NDLR). A priori voués à être réutilisés comme sous-couches pour de nouvelles routes et les voies de chemin de fer ou comme remblaies pour des chantiers ou le  réaménagement de carrières, ils ont été broyés et concassés sur place afin d’être transformés en granulats. Ces matériaux vont finalement être utilisés dans la construction des futurs logements, qui intégreront 30 % de granulats recyclés, et des futures voiries de l’éco-quartier qui sera créé en lieu et place de l’ancienne école d’ingénieurs.

Un diagnostic ressources pour trier et valoriser

Les déchets du second œuvre, qui représentent plus du quart des déchets du bâtiment, ont des taux de valorisation relativement faibles. Pour faire progresser le recyclage de ces déchets, plusieurs organismes, administrations et entreprises, dont Ginger DELEO fait partie depuis 2014, participent au projet Démoclès. Ce groupe de travail, coordonné par l’éco-organisme Récylum, a notamment permis d’identifier les bonnes pratiques pour les maîtres d’ouvrage et les maîtres d’œuvre.

Afin d’optimiser la gestion et la valorisation des déchets de second œuvre, il est ainsi nécessaire d’effectuer un inventaire avant la démolition d’un bâtiment. À l’heure actuelle, il existe le diagnostic déchets, une obligation réglementaire dont le but est de fournir aux maîtres d’ouvrages la nature, la quantité et la localisation des différents matériaux et produits. Il fournit également le circuit d’élimination ou de valorisation des différents types de déchets. Il sera bientôt remplacé par le diagnostic ressources, un outil indispensable pour identifier les gisements de matériaux présentant un potentiel de réemploi  in-situ ou ex-situ. Cet état des lieux permet, en effet, un classement des matériaux par famille et en fonction de leur état.

Le maître d’œuvre expose ce diagnostic à l’architecte, au maître d’ouvrage et à l’équipe projet en leur précisant ce qui peut être réemployé, les modalités de dépose et d’entreposage. Pour faire suite à l’entreposage, le maître d’œuvre préconise les bons exutoires et veille à ce que l’évacuation soit faite dans les filières les plus vertueuses. Si le réemploi ou la réutilisation ne sont pas possibles, les matériaux ou produits sont dirigés vers les filières de recyclage adaptées.

Enfin, pendant le curage du bâtiment, c’est-à-dire le retrait des éléments de second œuvre, le maître d’œuvre veille à ce que les produits soient déposés de manière délicate afin de ne pas les endommager. Dans le cas du chantier de Châtenay-Malabry, les produits (néons, interrupteurs, luminaires, poignées de portes ou encore paniers de basket…) sont stockés, revalorisés puis vendus aux particuliers, associations et professionnels via une plateforme créée par l’association RéaVie, spécialisée dans le réemploi des matériaux.

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